Depuis maintenant plusieurs mois après la mise en place de la prime Ségur sur le secteur public et le secteur sanitaire, la juste unification de cette prime demandée par les organisations syndicales de salariés et d’employeurs est toujours dans l’impasse.
La stratégie du gouvernement reste peu lisible, sauf si elle est analysée à l’aune de sa logique libérale de division du secteur et de sa rationalisation économique. En effet, pour nos gouvernements la protection sociale construite à l’issue de la seconde guerre mondiale afin d’ apporter de la sécurité aux salariés et, in fine, de la stabilisation sociale est désormais considérée par nos gouvernements successifs d’esprit néo-libéral comme un poids qui entrave économiquement les entreprises (poids des charges sociales et fiscales) notamment en comparaison à d’autres pays qui ont un système de protection sociale beaucoup moins contraignant pour les entreprises et plutôt à la charges des salariés/individus (ex Etats-Unis)
Acculé par la crise sanitaire et par le constat que nos salariés du secteur étaient sous payés en comparaison avec les autres pays de l’OCDE et notamment européens, le gouvernement a lâché un prime dite « Ségur » mais en limitant le périmètre à celui de la fonction publique, puis au secteur sanitaire privé, puis aux soignants du secteur médico-social du secteur privé.
Attributions de la prime, la permanence des incohérences
En effet, devant les incohérences d’une application sectorisée qui crée des disparités de salaires injustifiés, le gouvernement pratique une politique pingre et de petits pas qui consiste à résister tout d’abord aux sollicitations des organisations syndicales de salariés et d’employeurs dont la FEHAP demandant une application intégrale sur tout le secteur, pour finalement céder à la pression des acteurs, mais de manière parcellaire et incomplète.
Si le principe de la revalorisation salariale des médecins sur le secteur non lucratif a été enfin actée, l’incertitude de son financement sur son montant a amené la FEHAP à tenter de renvoyer la « patate chaude » aux établissements ce qui créé le risque de disparités entre établissements (réunion paritaire du 22 avril 2021).
Pour les personnels soignants, rééducateurs, AMP et AES des SSIAD et des établissements du champ du Handicap, ils bénéficieront les 183 euros mais pas les personnels administratifs !
Sur le secteur social, grand perdant pour l’instant de la prime « Ségur », des négociations dans le cadre de la mission Laforcade ont débuté le 20 janvier et ont abouti à la signature d’un accord de méthode avec les syndicats d’employeur FEHAP, NEXEM et la Croix-Rouge… étape qui « permet d’ouvrir les négociations » selon le communiqué commun des fédérations d’employeur…
Mais, le chemin risque d’être long, les départements en tant que financeur du secteur rentrant dans le jeu complexe du financement.